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Je lis au lit
18 juillet 2017

La chair de Rosa Montero

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Un roman mi-figue mi-raisin comme je les aime, entre autodérision, mélancolie, tendresse, cruauté et drôlerie. Un roman qui fait écho à toutes sortes de préoccupations personnelles sur lesquelles je ne m'étendrais pas ici, trêve de confidences... Bref Soledad, la narratrice qui vient d'avoir 60 ans voit son mec lui échapper, normal il est marié et jeune ...c'était attendu, il décide de la quitter pour vivre sa gentille vie de mari et de père. Soledad engage alors un escort boy sur internet histoire espère-t-elle de  rendre jaloux son ex-amant ou, si c'est trop en demander, de sauver au moins la face. Mais la chair est faible et le coeur tendre... Telle une ado, Soledad mélange tout, sexe, sentiment, tendresse et amour. Et le jeune escort russe entre un peu trop dans sa vie, d'autant plus que lui non plus n'est pas très clair. 

J'ai beaucoup aimé le ton de ce roman, la joyeuse mélancolie qui s'en dégage et la fragilité solide de l'héroïne. Héroïne d'ailleurs au sens propre du terme, car Soledad est une guerrière du désir et de la séduction, une ennemie jurée de la mort et du temps qui passe, elle s'accroche à son envie des hommes, tout simplement cette envie motive son désir de vivre et lui est indissociable.

Et puis rassurez-vous, le roman sait aussi sortir des eaux vaseuses et troubles du désir et de l'amour, il ménage des échappées bienvenues et passionnantes sur l'univers de la littérature car Soledad n'est pas qu'une amoureuse éternelle, elle bosse dur pour préparer une grande exposition sur ce qu'elle appelle les écrivains maudits, ces écrivains incompris à leur époque et reconnus aujourd'hui. Cela donne des scènes croustillantes ancrées dans le monde de l'art ainsi que des parenthèses bienvenues sur l'existence et l'oeuvre de certains auteurs que je ne connaissais pas et avec lesquels Soledad entretient un dialogue très personnel.
 La chair est un roman de la veine de L' école de la chair de Yukio Mishima, un de ces romans qui portent un regard acéré, lucide et cruel sur notre propre aveuglement lorsque le désir emporte tout et voile la raison.
Un roman qui donne envie d'aller voir du côté des autres livres de Rosa Montero. Chapeau à ces romancières espagnoles et je mets dans le lot bien sûr Mélina Busquets auteur du formidable Ca aussi ça passera, qui savent tisser avec brio légèreté et profondeur. Qui aident à vivre tout simplement.

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