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Je lis au lit
23 novembre 2012

Que nos vies aient l'air d'un film parfait de Carole Fives

9782847421958

Ce livre si simple m'a laissé de l'eau dans les yeux. En le lisant se mêlaient dans ma tête plein de souvenirs, mon enfance, mes relations avec mes parents, mais aussi ma vie d'aujourd'hui, le lien que je peux avoir avec mes enfants et aussi le lien de ma fille avec son petit frère. Ce bouquin m'a tout renvoyé en pleine figure quoi, et m'a aussi plongeé ou replongée dans le passé, dans une tristesse poisseuse que j'aimerais bien oublier.
Que nos vies aient l'air d'un film parfait, avec ce joli titre évocateur, tirée d'une chanson d'Elie et Jacno, m'a immergée dans les années 80, et bien sûr cela joue beaucoup dans ma lecture, car j'étais une enfant aussi alors, presqu'une adolescente, et il m'a jetée au coeur d'une famille en voie de désintégration. Les parents divorcent, la soeur et le petit frère vont être séparés, la mère manipule tout son petit monde pour que son fils reste avec elle. De courts chapitres font alterner les points de vue, tour à tour le père, la mère et la soeur parlent. Seul le petit frère reste silencieux, il n'a pas droit à la parole, on n'entend pas sa voix, ou du moins de manière détournée, contournée, puisque sa soeur s'adresse à lui, le tutoie, et tente d'éclaircir et de deviner, de reconstruire ce qui se passait dans sa petite tête alors... C'est vraiment bien fait ça, pour nous faire bien sentir combien ce petit garçon de 8 ans était alors balloté par la vie, il n'exprimait rien, les autres décidaient pour lui. Car a-t-on les moyens si petit de dire la douleur quand ses parents se déchirent, comment exprimer la culpabilité de laisser sa mère toute seule, comment dire non à sa grande soeur, comment faire valoir son désir profond, alors qu'on vous  persuade que le bonheur de sa mère dépend de soi ? 
Le récit fonctionne bien car Carole Fives sait faire parler les gens, on le voit dans les chapitres qui donne la parole à la mère, dépressive, irresponsable, égoïste, et hélas, surtout bête. L'auteur la fait s''exprimer souvent par clichés, elle est persuadée par exemple que son signe astrologique influe dans les relations avec sa fille ou que son fils doit vivre avec elle, parce que "un petit garçon, ça a surtout besoin de sa mère. L'amour d'un fils pour sa mère c'est... sacré." Le père, lui, apporte un éclairage beaucoup plus distancié et intelligent au drame qui se joue, mais par pudeur, par fatigue, il ne se bat pas, il ne cherche pas à creuser les choses, il ne sait pas parler à son petit garçon, il ne sait pas l'écouter, bref il lui passe à côté. 
Surtout, surtout, j'ai pleuré, pleuré d'émotion, en lisant les chapitres consacrés à la relation entre la soeur et le frère. Carole Fives met les mots justes, ceux qu'il faut, pour évoquer cet amour fraternel si fort, informulé, ce lien qui se construit en grandissant, côte à côte, en jouant, en apprenant ensemble, en se chamaillant ou en rêvant. Vers la fin un chapitre est particulièrement bouleversant, il alterne le point de vue de la grande soeur et des souvenirs d'enfance, des bouts de conversations émergent du passé, alors que les deux enfants sont en train de dessiner, et qu'ils sont dans leur bulle. Je pense à ma fille et à son petit frère et je retrouve tout cela, la complicité, la rivalité, l'empathie...

"C'est dans ton regard que j'ai grandi Tom, parce que c'est dans tes yeux que j'étais grande. Une grande soeur... C'est dans ton sourire que j'ai appris l'amour Tom, c'est lui qui m'a portée, et m'a permis de traverser ces années sauvages, ces plages d'enfance."

Ed. Le passage, 2012

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