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Je lis au lit
2 mai 2017

Les garçons de l'été de Rebecca Lighieri

 

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Emmanuelle Bayamack-Tam est étonnante. Auteur du roman, terriblement beau et élégant Et si tout n'a pas péri avec mon innocence, et plus récemment de Je viens, elle change de nom et signe masquée Rebecca Lighieri pour Les garçons de l'été. Schizo? Non. Juste l'envie de différencier ses romans selon leur registre, leur écriture, leur inspiration. Emmanuelle nous avait proposé jusque là des textes truffés de références littéraires, où la figure tétulaire de Baudelaire ou d'Ovide planait,  à l'écriture  hyper travaillée. Rebecca écrit plus cash et -faussement- simple, invente des histoires façon thriller efficaces. Question de style donc. En revanche quel que soit le nom de l'auteur sur la couverture, les romans sont travaillés par des thèmes similaires :  la famille comme creuset de la tragédie et les dégâts qu'elle opère sur les individus.

Les garçons de l'été débute avec en arrière-fond une chanson des Beach Boys, sauf que nous ne sommes pas en Californie mais sur dans les Landes puis à la Réunion.  Thadée et Zachée sont frères, beaux et musclés, famille aisée, une petite soeur. La passion pour le surf les lie, et très étroitement semble-t-il.... Oui mais voilà, lorsque l'accident survient, tout part en vrille, les tempéraments, les caractères s'affirment, les personnalités se dévoilent, et pas à l'avantage de tout le monde. La jolie petite famille vole en éclat, les faux-semblants tombent... 
Une des forces du roman tient au basculement qui s'opère insensiblement au fil des pages. Le réalisme du départ glisse peu à peu vers le fantastique, le lecteur bascule avec les personnages vers l'inquiétude et l'angoisse, l'ambiance devient délétère et glauque. Le tout peut faire penser aux romans de Laura Kasischke, à l'atmosphère mortifère qui s'y installe souvent. Le personnage de Thadée, jeune homme à qui le malheur arrive, incarne à la fois la victime et le bourreau, jusqu'aux scènes finales où la folie s'installe, et le tout s'affirme alors digne d'un film d'horreur.
Le choix narratif de l'auteur accentue encore le malaise du lecteur, puisque chaque personnage prend la parole à son tour à la manière d'un roman choral, et tente de mettre ce dernier dans sa poche. Ajoutez une écriture efficace, beaucoup de dialogues qui confèrent un tour enlevé et vivant au récit, et vous voilà comme moi scotché à ce roman qui avance avec beaucoup de rythme, à la façon d'un très bon film à rebondissements. 

Rebecca ou Emmanuelle, dans les deux cas un auteur détonnant, avec plusieurs cordes à son arc. Chapeau.

Ed POL, 2017

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