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Je lis au lit
28 janvier 2014

7 femmes de Lydie Salvayre

 

 

 

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Je ne les connais pas tous et ne les ai pas tous lus mais je suis sûre que Lydie Salvayre est un de nos meilleurs écrivains français... En tout cas elle est, pas de doute, une de nos plus belles plumes, une virtuose dans son genre. Avec ce livre elle rend hommage aux écrivains qu'elle admire, sept femmes qui lui ont donné envie d'écrire à son tour, d'Emilie Brontë à Marina Tsvetaeva, en passant par Sylvia Plath. Sept courtes biographies ou portraits, des textes habitées, personnels, grapillant ça et là dans la vie de ces auteurs des détails révélateurs, piquant dans leurs textes des phrases ou des vers particulièrement bien choisis.

C'est vraiment un bonheur ce livre, il respire l'exaltation, on sent l'auteur impliqué à 200 pour cent dans son sujet. Du coup ces courtes biographies forment en creux un portrait de l'écrivain, nous révèlent ses goûts, ses traits de caractère, ses façons d'être. Ainsi j'apprends dans le chapitre sur Djuna Barnes, et cela me rend Lydie Salvayre fort sympathique car je sais de quoi elle parle, qu'elle appréhende beaucoup de parler en public, expliquant cela par ses origines espagnoles et la peur de faire des fautes de français en public, comme le faisait sa mère. Quand on sait que Lydie Salvayre, en plus d'écrire superbement est psychiatre et psychanalyste, on se dit que décidément seuls les fats et les mauvais ont confiance en eux!

Du côté des femmes écrivains présentées dans ce livre, cela est assez divers. Ainsi Colette, ce n'est pas ma tasse de thé, et pourtant Lydie Salayre me la rend sympathique et attachante, et puis certaines j'avoue que je ne les connaissais pas, même de nom, c'est le cas pour Djuna Barnes et Ingeborg Bachman, l'une romancière d'entre les deux guerres et l'autre poète autrichienne marquée par le passé de son pays.  En ce qui concerne les auteurs que j'aime, eh bien c'est parfait. Ainsi le portrait de Syvia Plath est magnifique, bouleversant. Des extraits de poèmes s'entrelacent aux phrases de Lydie Salvayre, intimement se mêlent la voix du poète et celle de l'auteur qui lui rend hommage. En résulte un texte superbe, empathique, où les deux femmes semblent converser et leur parole se compléter l'une l'autre. 

Et puis ce qui fait la marque de Lydie Salvayre, son ton, se retrouve avec bonheur dans Sept femmes, à savoir sa manière si singulière de passer d'un registre à un autre, l'air de rien, grâce à une phrase, quelques mots, charnière entre les larmes et le rire, virevolte stylistique qui permet de relire ce qui précède sous un autre jour. J'adore cet art de la surprise, cette façon de surprendre le lecteur, ce talent pour faire sourire quand on a trop envie de pleurer, ce don pour sauter du sérieux à la dérision... Un point commun avec Sylvia Plath d'ailleurs.
Oui j'ai vraiment adoré ce livre, véritable don reversé de la littérature à la littérature, et d'une femme écrivain à d'autres femmes écrivains qui ont cru de toutes leurs forces qu'écrire et vivre ne faisait qu'un.


Ed. Perrin, 2013

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