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Je lis au lit
5 décembre 2013

Je ne retrouve personne de Arnaud Cathrine

 

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Un écrivain, la trentaine, revient sur la côte normande, dans la maison familiale où il a grandi, pour s'occuper de sa vente. Ce court séjour prévu et forcé se transforme en vacances mi-figue mi-raisin, entre mélancolie et désoeuvrement, entre visites de la maison le jour et cuites en solitaire le soir ... Le passé ressurgit, d'anciennes connaissances, des amis de lycée perdus de vue... et entre en collision avec le présent.  Seul dans la grande maison parentale le narrateur dresse une sorte de bilan de sa vie, il "dépose son premier bilan" comme il le dit,  revient sur ses relations avec son frère,  ressasse ses amours perdues,  s'interroge sur le sens de son travail. Je ne retrouve personne rejoint d'autres récit parus récemment, à la thématique commune... Y revenir de Dominique A., Falaises d'Olivier Adam, L'amour sans le faire de Serge Joncour... et même Paris-Brest de Tanguy Vieil d'une certaine façon. 

Ici, le roman accroche surtout par l'atmosphère qui s'en dégage, teintée d'une douce tristesse, d'une morosité qui colle à la peau. On ne saurait dire si c'est le lieu qui influe sur le mental du narrateur ou le contraire. On retrouve dans cette petite ville de bord de mer l'ambiance provinciale, le bon ton bourgeois, l'impression d'être doucement englué et à l'étroit que chante Florent Marchet, avec qui l'écrivain a d'ailleurs travaillé. L'écriture de Arnaud Cathrine, sans trémolos ni excès, toute en retenue, cadre à merveille pour peindre cette ambiance doucement mortifère.

La violence n'est pourtant pas loin dans ce récit, même si elle n'explose pas, je l'ai bien sentie, là, en filigranne, souterraine, dans les sentiments qui agitent le narrateur. Aurèle,  oui c'est ainsi qu'il se nomme, est loin d'être un joyeux drille, il se débat, rien ne va de soi, il est même prêt parfois de sombrer... tant toutes les strates de sa vie semblent se déliter. Il ne parvient pas à faire une croix sur ses amours avec Junon (oui c'est son nom), préfère entretenir avec elle une drôle de relation faite d'amitié et de frustrations, allant jusqu'à faire le baby-sitter pour la fille de son ancienne compagne. Il souffre de la  rivalité qui s'est installé entre son frère (Cyrille, qu'il s'appelle) et lui. Le grand-frère use sur lui d'un pouvoir qui vient de loin, entre sentiment de supériorité et autoritarisme. Et enfin il remet en question la valeur de son dernier livre, qu'il juge finalement nul... La violence on la retrouve aussi en miroir ça et là dans le train-train apparemment sans histoire de cette petite ville... Dans les propos de Mado, une grande bourgeoise devenue aigrie et raciste ou encore dans ce qu'on apprend sur Benoit, un ancien ami de lycée, qui a subi sa vie et qui s'est suicidé.  

Un joli livre, sincère, qui, sans bruit ni scandale, m'a touchée par sa justesse de ton.

 

Ed. Verticales, 2013

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