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Je lis au lit
1 décembre 2013

Le roman de Boddah de Héloïse Guay de Bellissen

 

téléchargementJ'attendais beaucoup mieux de ce livre, j'en ressors toute désappointée... Pourtant l'auteur tenait un vrai sujet et un vrai angle d'attaque : suivre les dernières années de Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, de 1989 à 1994, et à travers les yeux de son frère imaginaire qu'il prénommait Boddah dans ses journaux intimes et ses carnets. Ces années sont celles où tout s'accélère et explose... le succès phénoménal avec la sortie de l'album Nevermind en 1991,  sa relation avec Courtney Love et la dépendance incontrôlable à l'héroïne. Donner la parole à Boddah est séduisante pour éviter la biographie distanciée et fadasse, pour tenter de se tenir au plus près de Kurt Cobain, sans pour autant adopter le point de vue de ce dernier... Donner une voix, une présence à ce double qui l'accompagne depuis l'enfance, à la fois dans et à l'extérieur de son créateur. Le texte reste assez réussi et le pari tenu tant que l'auteur n'oublie pas son projet initial... Boddah raconte, il observe Kurt, il s'inquiète pour lui, ange-gardien à la Jiminy Criquet, protecteur légèrement paternaliste et sermoneur...Il s'adresse aussi à Kurt dans des dialogues imaginaires tantôt drôles, tantôt schizophréniques.

Oui mais voilà, le texte ne tient pas ses promesses sur la longueur. L'auteur oublie en chemin son narrateur, elle laisse en plan le pauvre Boddah quand ça l'arrange. Le récit tombe alors dans le mauvais biopic où on retrouve une fascination mal digérée pour ce qui a accompagné Kurt dans ses dernières années : l'héroïne bien sûr et les overdoses manquées, l'autodestruction forcenée, sa relation tumultueuse avec Courtney Rose et la naissance de leur fille Frances, les concerts flambés et les chambres d'hôtel saccagées. Tout cela est décrit bien trop souvent de manière voyeuse et putassière, avec délectation, sans finesse, à l'emporte pièce. Ou alors cela devient insipide, de l'informationnel pur... Pourquoi Héloïse Guay a-t-elle choisit ce sujet si ce n'est par passion pour la musique de Nirvana et par amour pour Kurt Cobain? Et quand on aime quelqu'un il faut trouver une écriture pour parler de lui, manier le trash et la violence indissociables de sa vie avec poésie, beauté, rythme, style, ou sinon se taire. La drogue, l'errance désespérée, le dégoût pour ce que l'on est devenu, mais aussi la passion de la musique, le talent, l'amour fou, l'énergie du rock et de la scène, ce sont des sujets essentiels dans l'existence du chanteur, il ne fallait pas mettre ses gros sabots pour les écrire.

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J'aime beaucoup moi aussi Kurt Cobain, il aurait exactement mon âge aujourd'hui, sans le vouloir vraiment il a incarné l'esprit du rock indépendant du début des années 90, il est charismatique au delà des mots, inspiré et vraiment beau, même habillé comme un clochard il a cette beauté de ceux qui ne sont pas vraiment conscients de leur charme. Quand je regarde les vidéos de son concert unplugged donné à New York en 1993, sa voix déchirée m'atteint aux tripes et son visage me bouleverse. Je ne suis pas la seule je sais, je sais... Alors je pardonne encore moins à ce livre d'avoir bâclé le boulot, de ne pas avoir tenu la ligne malgré quelques beaux passages. Dommage.

Ed. Fayard, 2013.

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Commentaires
F
Il est vrai que j'ai été un peu sévère avec ce livre... Disons que j'en attendais mieux, mais rassurez-vous je suis d'accord pour dire qu'il y a beaucoup de beaux passages. C'est le tout qui manque à mon avis de tenue.
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A
Pas du tout d'accord avec cet article. <br /> <br /> Ce livre est une merveille d'écriture sensible et tendre. C'est de la beaute et du talent à l'état pur. <br /> <br /> Baptiste B.
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