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Je lis au lit
10 juin 2013

Remonter la Marne de Jean-Paul Kauffmann

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Parfois j'ai des lectures inattendues et improbables, à mille lieues de ce qui m'attire d'ordinaire... Là, un récit de voyage, enfin plutôt de marche tranquillette au bord de l'une des rivières françaises les moins attirantes qui soit à priori, la Marne... Nom qui évoque plutôt les carnages de la grande guerre, une France pas très folichonne, le froid, la brume, le no man's land pour moi qui ne connaît ni d'Eve ni d'Adam cette région si éloignée de la mienne. Mais j'ai quand même lu de Jean-Paul Kauffmann La maison du retour, livre qui m'avait vraiment plu, alors pourquoi pas?

L'auteur remonte donc la Marne, de la Seine jusqu'à sa source, de l'Ouest à l'Est, de l'île de France au pays du champagne, de la Haute-Marne tristounette au plateau de Langres... plus de 500 km au total, ma foi faut le faire quand même. La Marne c'est son Nil à lui... Retour aux origines, voyage initiatique, cheminement intérieur, projetez ce que vous voulez là dedans, le récit reste en tout cas très pragmatique et bien que l'on sente évidemment la dimension spirituelle du projet, Jean-Paul Kauffmann s'appuie toujours sur les menus faits très concrets qui jalonnent son voyage. Il mettra en tout sept semaines pour toucher son but, périple seulement interrompu par quatre jours de navigation. Le récit avance au rythme de la marche, d'anecdotes en rêveries, de réflexions en courtes descriptions. Le quotidien du randonneur, les sites ou monuments visités, les villes ou villages parcourus, les gens rencontrés, tout y passe. J'avoue que certains passages m'ont bien ennuyée, les nombreuses digressions historiques parcourant le récit notamment, l'auteur étant féru d'histoire et moi pas trop. Mais le tout s'avère agréable, la pensée du marcheur se déroulant au fil de l'eau, et les journées étant toutes différentes, chacune apportant son lot de petites surprises, de choses vues ou de personnages rencontrés.

Chacun retiendra de ce modeste carnet de voyage ce qui lui correspond. Les amoureux de la nature et de Jean-Jacques Rousseau verront dans ce texte une ode à la rivière, quasi personnifiée, féminisée. Les rêveries autour des paysages vus, de la lumière, de la "rambleur", cette blancheur projetée sur l'eau si singulière paraît-il à la Marne, l'importance donnée aux parfums, aux odeurs de l'eau et de la terre manifestent c'est vrai l'attachement quasi physique exprimé par Kauffmann  à "sa" rivière.
Pour ma part j'ai bien aimé ce que dit l'auteur d'une certaine France qu'il découvre en causant ça et là, une France de la marge, celle des gens qu'il appelle "les conjurateurs", à savoir ceux qui se débrouillent comme ils peuvent en comptant sur eux-même, entre chômage, petits boulots et auto-suffisance, pas tout à fait exclus et pas tout à fait insérés dans la société, "en retrait" mais aussi solidaires avec la population locale. Que l'on soit au fin fond de la Haute-Marne ou de la Lozère, on retrouve ce type de personnages, un peu à part, singuliers, qui préfèrent vivoter au fin fond de leur cambrousse plutôt que de vivre un peu plus riches en s'exilant à la ville ou ailleurs.

Rien de très exaltant au final certes, mais ce genre de récit nous rappelle quand même que, pour qui sait regarder, le monde juste à nos portes s'avère toujours surprenant.

 Ed. Fayard, 2013

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Commentaires
F
Incroyable, vous êtes un aventurier des temps modernes! Oui je pense que pour le Rhône cela a dû être sportif et éprouvant!! Les centrales nucléaires... Lyon!!<br /> <br /> Merci pour votre commentaire Patrick
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P
Remonter la Marne, pourquoi pas ? Quelque part c'est aussi une aventure. Une très paisible aventure, je le reconnais, mais cela permet de s'évader du quotidien.<br /> <br /> <br /> <br /> J'en parle en connaissance de cause, puisque j'ai longé moi-même toute la Seine à pied...<br /> <br /> Je suis parti de la source près de Dijon et j'ai marché ensuite le long des berges jusqu'à la mer. 776 km à pied. Je n'étais absolument pas fatigué puisque le terrain était plat. Mais une bouffée d'aventures, d'air frais et de rêveries incroyables.<br /> <br /> <br /> <br /> En comparaison, la marche le long du Rhône fut exténuante. 812 km à pied, mais combien plus exigeant en terme d'effort. <br /> <br /> Eh bien, figurez-vous que malgré l'épuisement, chaque jour j'étais ébloui par ce que je découvrais. C'était en 1998. Eh oui, le temps passe.<br /> <br /> <br /> <br /> Patrick Huet, fleuve-trotteur.
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