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Je lis au lit
30 octobre 2012

17 filles de Delphine et Muriel Coulin

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Un très joli film sur l'adolescence, inspiré apparemment d'un fait réel, mais qui donne aussi matière à rêver sur le thème justement du pouvoir du rêve comme échappatoire à une réalité morose. Camille, 17 ans, incarnée par la lumineuse Louise Grinberg, tombe enceinte. Au début du film, nous l'apprenons avec elle, et nous la suivons d'abord, désemparée, seule. Puis, après l'avoir avoué à ses copines, elle se rend compte que cette grossesse lui donne de l'importance, elle devient le centre d'intérêt de toutes, elle prend de l'assurance, affirme finalement sa volonté de vouloir garder l'enfant. Un évènement survient dans son existence, enfin, et là voilà qui se met à rêver d'une autre vie, comme si un enfant allait avoir le pouvoir miraculeux de tout changer, de tout bouleverser y compris l'horizon tristounet de Lorient, la solitude et le manque d'affection. Elle embarque ses amies dans son rêve, se mettant à imaginer comment s'organiser et vivre avec leurs enfants, pourquoi pas sous la forme d'un genre de communauté où la solidarité et l'entraide seraient le maître mot. An other world is possible... Ses copines, puis d'autres lycéennes, se mettent alors en tête de tomber enceinte coûte que coûte, afin d'être introniser, on pourrait dire, dans la tribu des gros ventres.
Le film est fort je trouve car il m'a mis dans une situation bancale, oscillant d'un côté entre suivre à fond le délire de Camille, et de l'autre, en grande personne "raisonnable", condamner ce même délire. Je me suis trouvée en balance entre le point de vue de l'adolescente qui fantasme et celui de l'adulte qui tente de coller à la réalité, ne sachant pour lequel opter. Il faut dire que les adultes ne sont pas en grande forme dans ce film, incapables de comprendre ces jeunes filles, ne cherchant d'ailleurs même pas à saisir les motivations ce qui leur arrive. L'assemblée de profs donnant tour à tour leur point de vue est en cela risible, ne sachant que rabâcher des clichés éculés sur le sujet, elles vont gâcher leur vie, patati patata... Seule l'infirmière scolaire, jouée par Noémie Lewosky, dit à un moment qu'elles sont loin d'être complètement immatures et débiles, qu'elles savent très bien ce qu'elles font. La mère de Camille, jouée par Florence Thomassin que j'adore avec cette voix si sensuelle et coquine, incarne, elle, la colère et de la révolte, n'ayant pas du tout envie, on la comprend, de se remettre à pouponner à 40 ans. En tout cas les adolescentes dament le pion à tous, leur geste devient un acte de révolte et d'insoumission, elles affirment haut et fort face aux adultes, parents ou profs, leur libre arbitre, enfin, c'est ce qu'elles croient sans doute...

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Pour ma part j'ai surtout vu dans cette épidémie de grossesses une parabole sur la soumission de l'individu au groupe, Camille lance une mode et les autres n'ont de cesse de s'y conformer, de manière même carrément pathétique lorsque l'une d'entre elles ment et fait semblant d'avoir un gros ventre pour se faire accepter. Certes elles ont toutes leur raison personnelle pour se glisser dans ce doux rêve, par exemple Clémentine, qui ressemble tant à une enfant, veut qu'on ne la considère plus comme une gamine, mais au-delà de ces motivations, il s'agit de s'insérer dans un groupe, de trouver une identité à la fois commune et différente de la masse, tout comme on le fait via la musique ou les vêtements à cet âge, et même à tout âge. D'ailleurs, sauf pour quelques personnages bien marqués (Camille, Clémentine, Florence), j'ai un peu confondu durant tout le film toutes ces adolescentes, plus mignonnes les unes que les autres. Les réalisatrices les filment la plupart du temps en groupe, les corps se mêlent, ou on ne voit d'elles que des parties de leur corps, les jambes, les pieds, qui entrent dans la mer, les ventres arrondis qui se ressemblent tous. Pour bien souligner que nous sommes ici dans un espace mental exclusivement féminin, les garçons sont quasi absents du film, réduits à des machines à faire des bébés, seul le frère et l'ex-amoureux de Camille apparaissent dans quelques scènes.
 Oui j'ai bien aimé ce 17 filles, où l'on est balladé entre rêve et réalité, entre rire et mélancolie, où la grâce de l'adolescence mais son énergie aussi, ne cesse de nous questionner.

 

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