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Je lis au lit
24 octobre 2012

L'homme qui aimait ma femme de Simonetta Greggio

9782234064966-G

Bon voici une lecture dont j'aurais pu aisément me passer. Je me dépêche d'en faire la chronique car sinon je vais oublier ce bouquin très très vite. J'ai été déçue, fort déçue. C'est ainsi, il y a des livres qui font envie, le titre est accrocheur, ceux des romans précédents aussi -La douceur des hommes, L'odeur du figuier-  le minois de l'écrivain attirant -une jolie blonde souriante-, on se fait une idée au préalable de ce que l'on va lire, on s'en réjouit à l'avance. Et puis vlan, c'est la descente, en quelques pages, on perd ses illusions...tout comme je ne sais pas moi, on peut perdre ses rêves et son désir en se mettant à converser avec un très beau mec qui ne dit que des âneries...

Deux frères, Yann et Alexandre , l'un idéaliste et romantique, l'autre libertin et infidèle, tombent amoureux de la même femme, Maria. Je m'attendais à un récit mettant en scène un couple à trois, dans le genre Jules et Jim, et dans la durée, puisque l'histoire évoquée ici s'étire sur près de 40 ans, entre les années 60 et aujourd'hui. Je me suis retrouvée hélas avec une banale histoire d'amour inassouvi, Alexandre épouse Maria, Yann ronge son frein, finit par embarquer vers la quarantaine Maria... Je n'ai pas très bien saisi l'intérêt de l'intrigue j'avoue. Les trois personnages restent des entités un peu vides, surtout Maria, à qui l'auteur ne réussit pas à donner vie et chair. Et la narratrice, Allis, à qui Alexandre raconte cette histoire, parle parfois un peu d'elle, mais cela reste superficiel, quel est l'intérêt de faire intervenir ce personnage extérieur, il y a peu de connexions entre son existence et celle des personnages dont elle nous cause. Surtout, surtout, l'écriture n'accroche pas, s'avère très pauvre, l 'écrivain ne trouve pas sa voix, le romantisme reste fade, le cynisme tristounet, le trivial énervant, les dialogues irritants. Le livre avance par petits chapitres faisant alterner les voix de l'un ou de l'autre, tour à tour, Maria, Alexandre, Yann ou Allis prennnent la parole, mais cette alternance de points de vue n'apporte pas grand-chose au tout. Si seulement ces courts chapitres étaient denses, poétiques, mais nons ils sont courts, c'est tout, et cela permet laborieusement, pouf pouf pouf, ne nous mener jusqu'à la fin, d'étirer péniblement le livre jusqu'à ses presque 300 pages.
Au final, les passages qui m'ont plu dans L'homme qui aimait ma femme, ce sont ceux qui font référence aux penseurs, philosophes ou écrivains contemporains de la jeunesse des personnages ou qu'ils ont lu avec passion durant leurs études, Althusser, Adorno, Tennesse Williams, Wittgenstein, Saint Augustin, Laclos ou encore Jung... Les coincidences sont d'ailleurs parfois amusantes, car juste avant de lire ce roman, j'avais regardé le film de David Cronenberg, A dangerous Method, qui met en scène la relation entre Freud et Jung, via une jeune femme belle et sulfureuse, Sabina Spielrein, patiente puis maîtresse de Jung. Or voilà que Simonetta Greggio consacre un passage à cette dernière en évoquant sa personnalité hors du commun. Le livre, je disais donc, est truffé de citations, certaines étant, je ne dis pas, bien trouvées et proposant des pistes de réflexion sur l'amour, le désir, thèmes centraux, on l'a compris, du texte. Adorno nous rappelle ainsi que "Tu seras aimé lorsque tu pourras montrer ta faiblesse sans que l'autre l'utilise pour affirmer sa force", je trouve ça bien vu. Est aussi cité Laclos qui dans Les liaisons dangereuses rappelle, à tort ou à raison d'ailleurs, que "l'homme jouit du bonheur qu'il ressent, la femme de celui qu'elle procure", mais c'est joli non?

Bon tout cela c'est bien gentillet, mais c'est aussi un peu juste. J'ai quand même fini le tout, rien d'insupportable là-dedans, rien d'emballant non plus. Une histoire banale et traitée de manière trop emphatique ou au contraire trop plate, un style, comment dire, sans style, sans particularité propre, sans identité, fourre-tout.Quand un roman ne plaît que par un patchwork de citations, aussi belles soient-elles, c'est qu'il est aussi hélas très pauvre dans son ensemble...

Ed. Stock, 2012

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