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Je lis au lit
15 mars 2012

Le journal d'Aurore. 1, Jamais contente de Marie Desplechin

jamais_contente__le_journal_d_aurore_2715_250_400Oui, aujourd'hui, j'ose vous proposer un court livre pour jeunes "jeunes" dans une édition pour jeunes qui plus est. Et sans honte aucune, j'avoue avoir ri durant une heure en le lisant.

Marie Desplechin est très forte pour transmettre les émotions surgissant au fil des petits riens de la vie, j'adore par exemple son roman Sans moi. Elle est très forte aussi pour recueillir et transmettre la parole des autres, c'est le cas dans Danbé. Et elle est trop forte quand elle se glisse dans la peau d'une ado de treize ans pour lui prêter sa voix et son style. Il en ressort un journal intime irrésistible d'humour et de drôlerie.

Aurore est l'ado persécutée type : bien sûr tout le monde la déteste, particulièrement ses deux soeurs, au milieu desquelles elle se sent coincée comme une feuille de salade périmée dans un sandwich. La petite dernière de la famille est l'élève modèle et ne manque pas de lui mettre la honte devant ses professeurs : ceux-ci roulent des billes effarées quand ils apprennent que Sophie et Aurore sont bel et bien de la même portée, ou plutôt de la même lignée. La grande commence fort : accompagnée par sa grand-mère, elle se fait faire un piercing dans la langue au début du roman, ce qui lui permet d'attirer l'attention de tous, mais aussi de s'exprimer par grognements et de manger de la purée durant une semaine. Mais il faut savoir ce que l'on veut n'est-ce pas...
Alors pour se faire sa place dans cette famille indigne Aurore doit jouer des coudes. Lors de sa fête d'anniversaire, elle annonce tout de go entre les bougies et les cadeaux "je voudrais mourir". Imaginez la tête de sa mère puis de son père qui l'envoie illico dans sa chambre pour méditer sur le sens de l'existence... Vous me direz, ces parents en question ne se font guère de souci pour leur fille, ou alors ils la connaissent bien...
Rien dans ce livre n'est irréaliste, tout en revanche prend, grâce à la plume de Desplechin, un ton jubilatoire. L'ado qui au début de son journal se torture en se demandant ce qu'elle va bien pouvoir raconter dans son cahier secret, elle dont "la vie du rat-taupe en Abyssinie est bien plus passionnante que la sienne et ressemble à un carroussel enchanté" nous embarque à sa suite, on se passionne pour ses amours ratées ou touchantes et on croit à fond à toutes ses petites préoccupations.
Tout semble léger et distancé dans ce petit récit, et pourtant tout est si vrai, correspond si bien à ce qui nous étions il y a ... quelques années? Souvenez-vous, quand ce garçon, pour la première fois, vous a tenu la main durant un temps infini à la table d'un café, ne vous êtes-vous pas demandée quoi faire de votre menotte inerte dans la grosse paluche de ce gars? Et quand il ne cessait de vous embrasser maladroitement, ne vous êtes-vous pas interrogée sur la nécessité de se bécotter sans cesse quand on se ballade ensemble ? Et quand vous êtes allés au ciné tous les deux et que le paquet de pop-corn s'est déversé dans votre fauteuil, ne vous êtes-vous pas torturée pour savoir comment vous lever avec les fesses constellées de tous ces petits machins jaunes collants, hein?

Oui, vraiment, vivement que je reçoive pour ma fête les tomes 2 et 3 de ce Journal d'Aurore ...

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